Le spectacle présenté dimanche dernier entre dans les annales de l’histoire du Théâtre national Daniel Sorano. Les Ecureuils ont défié les Lions dans leur milieu naturel.  Certes, il ne s’agit pas de football. Mais de culture. Toutefois, c’est cette belle impression que laisse la prestation des groupes béninois venus montrer la richesse et la diversité culturelle de leur pays. Entouré de gauche à droite par ses collègues, la baguette sur le tama, un batteur béninois a ébloui le public. Le sabar, il le maitrise comme les batteurs de la Médina, de Grand Dakar, Colobane et d’autres quartiers populeux de la capitale savent le faire.
Aux yeux des Sénégalais, la scène est surréaliste. Un Béninois qui maîtrise à ce point le Sabar au point de rivaliser de talent avec des descendants des Tambours Majors de ce pays. Même le grand maître, Mbaye Diéye Faye a été séduit par cette belle démonstration. La scène a mis la salle en liesse. En quelques minutes, le jeune homme a ravi la vedette au percussionniste du Super étoile de Youssou Ndour à l’applaudimètre. Il a été ovationné sous des cris de joie. Le tout dans la fraternité. En réalité, le temps d’une soirée traditionnelle, les artistes ont prouvé qu’il n’existe pas de frontière entre les peuples d’Afrique. Les compatriotes de Patrice Talon, venus prester à Dakar, ont surtout présenté une panoplie de danses et de rythmes de leur terroir. On peut citer entre autres : le Zinli, le Akon Houn, le Tipinti… Ils ont également fait défiler des masques comme le Zan­gbéto avec ses mystères et le Guèlèdè.
Pour cette soirée intitulée «L’A­fri­­­que en danses» et initiée par Ale­xandrine Avognon, le Sing-sing rythme a été l’invité de marque.  Mbaye Diéye Faye et ses frères ont eux aussi livré une belle prestation de leur savoir-faire. Le percussionniste, Mbaye Diéye Faye et le Sing-sing familiy ont fait parler les tambours comme ils savent le faire en de pareilles circonstances. Un simple geste de la main suffit et les membres de la famille de Vieux Sing Faye dévoilent secret après secret leur art. Les minutes s’égrènent, l’ambiance monte d’un cran. Applau­dissements et cris envahissent Sorano. Une «am­biance su­crée, pimentée mais sans danger», répète Mbaye Dièye Faye pour égayer son monde. Même le consul honoraire du Benin n’a pas pu se retenir, face à cette belle coordination des tambours. Dans son grand boubou, Moussa Cassé a dévoilé au grand public qu’il ne sait pas seulement s’occuper des affaires administratives. Il a esquissé quelques pas de danses sous le regard admiratif de Moustapha Guirassy, parrain de l’évènement et des différentes autorités présentes à la fête.

Les rêves futurs
Auparavant, Moussa Cassé, porteur du message du président de la République, Patrice Talon a indiqué que «cette fête certifie notre fierté inébranlable et consolide notre unité, l’unité africaine, l’unité de nos propres pays». La soirée s’est achevée sur un mélange magnifique de sonorités sénégalo-béninoises. Sans oublier, la courte et déterminante prestation de Zeynab, la «Viviane Chidid béninoise». Cerise sur le gâteau, un festival des rythmes et cultures du Bénin sera organisé au Sénégal au mois de novembre prochain. Selon l’organisatrice Mme Avognon : «On s’est rendu compte plusieurs fois lors de nos sorties, de nos salons que les Occidentaux et autres valorisent mieux notre culture. Parce que dés qu’on y va juste pour la démonstration les gens sont tellement impressionnés que les participants mêmes laissent leur stand pour rester deux jours à admirer, à magnifier, à applaudir, à aimer notre culture. Alors que les Africains que nous sommes, nous ne connaissons pas les valeurs de notre culture. C’est ce qui fait que nous avons décidé de porter cette initiative pour mieux faire connaître le Bénin».
A travers la culture, la patronne d’Arise group, une agence de voyages, tourisme, événementiel et conseils veut réussir le rêve du panafricanisme, là où les chefs d’Etat ont échoué. Elle compte bâtir les Etats unis d’Afrique à partir de la Culture. Alexandrine Avo­gnon indique qu’en «initiant cet événement itinérant, Arise veut se servir des arts de scène en général et des rythmes, chants, danses, pour réunir et fédérer toutes les nations africaines». Une vision magnifiée par plusieurs personnalités dont l’écrivain Louis Camara, Prix du chef de l’Etat pour les lettres, venu de Saint-Louis, rehausser de sa présence cette belle initiative.
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