C’est une grosse accusation contre le ministère de l’Intérieur. Le Pds et ses alliés révèlent qu’un million de cartes d’électeur, «essentiellement» pour des primo-inscrits, sont «bloquées à l’Ecole de police». Cette coalition de l’opposition qui parle de «scandale» redoute une situation pareille à celle des Législatives.

Le Front patriotique pour la défense de la République (Fpdr) voit des incohérences dans la distribution des cartes d’électeur. «Il nous est revenu qu’un million de cartes d’électeur sont actuellement  bloquées  dans les locaux de l’Ecole nationale de police. Ces cartes appartiennent, pour l’essentiel, aux jeunes qui se sont inscrits pour la première fois et que l’on appelle primo-inscrits dont beaucoup habitent Touba, Pikine et Guédiawaye», indique un communiqué reçu dans la soirée du jeudi. Cette coalition de l’opposition qui regroupe le Pds, And-jëf/Pads et autres relève un «scandale plus grave» que celui des élections législatives qui concerne la distribution des cartes d’électeur. Le president de la République avait dû recourir à un avis du Conseil constitutionnel pour offrir la possibilité de voter avec un document autre que la carte biométrique de la Cedeao. Ainsi, les 7 «Sages» avaient déclaré qu’«à titre exceptionnel, l’électeur n’ayant pas pu retirer sa carte d’identité couplée à la carte d’électeur peut voter sur presentation de son récépissé d’inscrition, accompagné d’une carte d’identité nationale numérisée, d’une carte d’électeur numérisée, d’un passeport, d’un document d’immatriculation pour les primo non détenteurs d’un des trois documents administratifs».
Le Fpdr ne s’explique pas en tout cas «ce blocage» des cartes à l’Ecole de police «au moment où le gouvernement annonce un taux de retrait apparemment fantaisiste supérieur à 90%», indique le communiqué. Les Libéraux et leurs alliés rappellent «qu’en juillet dernier déjà, 2 millions 800 mille électeurs n’ont pu voter, soit parce que leurs cartes n’ont pas été produites, soit parce qu’elles ne leur sont pas parvenues». Cette structure de l’opposition affirme que «les centaines de milliers de jeunes qui se sont rendus dans les commissariats de police pour se faire confectionner des cartes d’identité après la révision partielle de 2017 n’ont pas reçu ces cartes jusqu’à la fin du délai imparti pour la campagne de révision des listes électorales qui s’est achevée il y a quelques jours».
Fort de ce constat, Mamadou Diop Decroix et ses camarades accusent le président de la République et le ministère de l’Intérieur de «vouloir priver les millions de jeunes Sénégalais de leur droit de vote». Le Fpdr y voit une volonté de la part des dirigeants du pays de «ne pas organiser des élections dignes de ce nom». C’est ainsi qu’il réclame le droit de regard sur ce processus. «Le Fpdr exige, conformément au Code électoral, l’accès immédiat d’une délégation de l’opposition à l’Ecole de police pour tirer cette situation au clair. Et ce, en présence de la Cena et de la société civile. A défaut, il se réserve le droit d’engager toute action appropriée», précise-t-il dans le communiqué.

«Les informations fournies par l’opposition ne sont pas avérées»
Nous avons tenté d’avoir la version du ministère de l’Intérieur. Sous l’anonymat, un des membres des services de Aly Ngouille Ndiaye a été formel : «Pour l’instant, toutes les cartes disponibles ont été distribuées. Il n’y a aucune carte à l’Ecole de police ni à la Daf. Les informations fournies par l’opposition ne sont pas avérées.» Seulement, notre interlocuteur avait promis de revenir pour de plus amples informations après la prière du vendredi. Ce qui n’a pas été fait. Et en dépit de notre insistance, le ministère a finalement préféré faire le mort en refusant de décrocher les appels téléphoniques. Il se dit en revanche que Aly Ngouille Ndiaye pourrait répondre aux accusations du Fpdr lundi.
Stagiaire