Je dois préciser que ce qui motive l’écriture du présent article n’est nullement de répondre à qui que ce soit. Je voudrais simplement appliquer un des sept principes tirés de l’ouvrage de Stephen Covey, The seven habits of highly effective people, dans lequel l’auteur explique que pour gérer de façon efficace son quotidien (profession, famille, relations personnelles, etc.), il faudrait se résoudre à respecter sept principes fondamentaux parmi lesquels : «Seek first to understand and be understood». C’est ainsi qu’après avoir compris l’origine de la frustration de certains avec ma publication, je m’évertuerai, dans ce qui suit, de repréciser ma pensée afin de me faire comprendre à mon tour.
Pour rappel, j’avais écrit une contribution qui a été publiée dans Le Quotidien du 11 février 2020 et je l’avais métaphoriquement intitulé De l’effondrement de l’anglais. Par la suite, les gens ont eu des réactions nombreuses et variées. Beaucoup m’ont félicité d’avoir dit tout haut ce qu’ils pensaient tout bas. Cependant, il m’a été reproché un certain nombre de choses. Et à la vérité, je dois dire que j’ai été stupéfait par certains reproches et critiques tels que le choix du titre, la pauvreté de mon «analyse» ainsi que le fait d’avoir porté une accusation ou plutôt un jugement à l’encontre des hommes et femmes qui ont en charge l’enseignement de l’anglais au sein de notre système éducatif.
D’abord, il me faut dire que nulle part dans l’article incriminé je n’ai parlé d’analyse. Sinon, je l’aurais fait sur la base d’examen de données que j’aurais collectées sans omettre d’indiquer mes méthodes de collection. Juste pour rejoindre ceux qui à juste titre affirment qu’une analyse doit être rigoureuse. Il ne s’agissait pas non plus d’évoquer la «difficulté des épreuves» du Bac et du Bfem comme étant les seules causes, parmi milles et unes, de la contre-performance de nos apprenants en anglais. D’ailleurs, j’avais bien écrit et je cite : «A la question de savoir où se situe le problème, les réponses sont variées. Mais nous sommes nombreux à reconnaître que les épreuves du Bac et du Bfem posent beaucoup de difficultés aux candidats, pour ne pas dire qu’elles sont ‘’difficiles’’». Qui plus est, j’avais bien pris la précaution d’utiliser des guillemets pour souligner cette dose de subjectivité dans la qualification des épreuves.
Il s’agissait d’exercer une liberté de penser responsable dans la limite du respect et de la courtoisie. Et d’accomplir un devoir d’alerte sans prétention aucune sur un «problème» qui me concerne en tant qu’acteur. Et un devoir, disait feu notre grand-père Mamadou Dia, on n’y renonce pas. C’est la raison pour laquelle, lorsque certains commentaires et mises en garde me sont parvenus, je me suis posé la question de savoir si la liberté de penser s’est elle aussi «effondrée». Et puis, je suis allé consulter un dictionnaire pour vérifier «qu’avoir une opinion» renvoie toujours à «une assertion qui n’a d’autre valeur que celle d’un sentiment individuel». Par ailleurs, je me suis assuré de n’avoir enfreint aucune loi ou réglementation ou principe régissant notre profession. Auquel cas, j’aurais immédiatement présenté de plates excuses à qui de droit. Mais il s’est avéré que tout a été fait dans les règles de l’art.
Ensuite, je dois préciser je n’ai fait que quatre ans et quatre mois de service effectif. Je suis à la fois novice et inexpérimenté. Alors, loin de moi l’idée d’offenser des «baobabs» de l’éducation, des «géants» de la didactique de l’anglais. Ce serait audacieux et «suicidaire». Au contraire, il n’y a qu’une façon pour moi de parler de ces décideurs, savants et spécialistes de la didactique de l’anglais au Sénégal : c’est avec respect, admiration et reconnaissance. Respect pour leur âge d’abord, d’autant plus que le prophète nous avait bien fait remarquer que : «He who doesn’t show mercy to our young nor honour to our old is not from us» et respect pour leur rang et statut. Mais plus important encore, je leur dois une reconnaissance infinie parce qu’ayant bénéficié de leur «formatage» et formation. Et cette reconnaissance, je l’avais déjà exprimée dans un autre article, (titré : A mes enseignants de l’élémentaire : certificat de service bien effectué), publié dans Le Quotidien dans sa parution du 18 août 2018, où je rendais hommage à mes instituteurs en ces termes : «A travers vous messieurs, nous disons merci à tous les enseignants qui ont eu à participer à notre formation, de l’élémentaire à l’université, en passant par le moyen-secondaire.» Voilà qui est clair.
Enfin, j’aimerais inviter ceux qui ont en charge l’enseignement de la langue anglaise et qui s’y connaissent, parce que la maîtrisant parfaitement, à nous fournir des études et des analyses (en plus de comparaisons avec ce qui se fait ailleurs) sur la base desquelles ils nous convaincront qu’effectivement les épreuves d’anglais (du Bac surtout) ne sont pas difficiles, que nos affirmations s’avèrent infondées et ne sont que le fruit de notre imagination. Dans le cas contraire, nous leur saurions gré de bien vouloir repenser/revoir les épreuves en tant que telles. Encore une fois, ce qui me préoccupe n’est rien d’autre que la réussite de nos élèves qui sont la seule raison d’exister de notre profession. Wa salaam !
Vive un Sénégal de paix et prospère !
Saliou YATTE
Professeur d’anglais au Lycée de Dodel/
Podor département.
yatmasalih@gmail.com