A Bambilor, la forte pluie d’hier a provoqué la mort de deux garçons qui sont morts noyés. Secouées par cette tragédie, les populations appellent au secours.

Deux jeunes garçons sont morts par noyade à Bambilor suite à la forte pluie dans la nuit du mercredi au jeudi. Ahmadou Bamba Diop, âgé de 15 ans, et Massakha Diop, 8 ans, n’appartenant pas à la même famille, ont été emportés par les eaux de la pluie nocturne du mercredi. «C’est vers 4 heures du matin que nous avons été tirés du sommeil par les eaux qui avaient envahi la maison. C’était très difficile, mais j’ai pu sortir les deux enfants en les portant sur mes épaules alors qu’en ce moment l’eau m’arrivait à la gorge», a témoigné Amadou Makhtar Gackou chez qui les dégâts ont été d’ordre matériel. «C’était le sauve-qui-peut et on a laissé derrière tous nos bagages. Les eaux ont tout détruit», s’est-il désolé. «Nous vivons ici depuis plusieurs années et c’est la première fois que cela arrive», pointant un doigt accusateur sur les cités nouvellement construites dans la zone. Les Gackou ont été cependant plus chanceux que leurs voisins de la famille de l’adolescent Ahmadou Bamba Diop. Affligés par la perte brutale de leur rejeton, ils n’ont pas voulu s’exprimer. «C’est après avoir sorti les enfants chez moi que j’ai entendu des cris de détresse chez nos voisins. Quand je suis arrivé, ils demandaient après leur enfant qu’ils ne parvenaient pas à retrouver. C’est des heures après qu’il a été retrouvé à côté de la cité Apix (300 mètres du quartier environ)», a fait savoir M. Gackou. «L’autre enfant a été retrouvé après d’intenses recherches effectuées par les éléments des sapeurs-pompiers», a souligné Abdoulaye Sylla. «C’était prévisible que le quartier allait connaître une inondation sans précédent avec tout ce qui a été érigé comme constructions nouvelles. Maintenant, il faut qu’une solution soit trouvée parce que l’on risque de revivre la même mésaventure aux prochaines pluies», a prévenu M. Sylla.

La construction de nouvelles cités à l’origine de la catastrophe 
Les nouvelles constructions dans la zone seraient à l’origine de la catastrophe qui a coûté la vie aux deux jeunes garçons. C’est la conviction des habitants de la localité plongés dans une psychose profonde.  «Comment peut-on ériger des maisons sur le passage naturel de l’eau ? C’est ce qu’a fait la société  Akys. J’avais alerté en parlant au maire et au sous-préfet. Le préfet a dit qu’il allait écrire à qui de droit et le maire nous a dit qu’il n’est pas technicien et que les techniciens l’avaient rassuré qu’il n’y aura pas de problème», a rappelé Abdoulaye Sylla, membre du Collectif Sam sa gokh. «En construisant la cité Akys, toutes les voies d’évacuation des eaux ont été bloquées. Aucune planification n’a été faite pour la réalisation des nouvelles cités qui nous entourent et cela c’est la faute à nos autorités», s’est désolé pour sa part Amadou Makhtar Gackou. La réhabilitation du pont traversant le quartier Diassane a aussi été agitée comme une des causes. «L’autre problème, c’est le pont qui a été considérablement réduit par l’Ageroute lors de sa réhabilitation. Ils ont trouvé un pont sur 5 mètres et ils l’ont ramené à 3 ; ce qui fait que l’eau reste bloquée dans nos maisons à chaque fois qu’il pleut», a relevé M. Sylla. Tout cela, à en croire Moustapha Sarr, habitant de la commune, n’est que la résultante d’une politique d’habitat mal planifiée. «La péri-urbanisation que vit notre zone ces années-ci doit tous nous préoccuper. Nous faisons face à des projets de construction de logements sans une véritable étude d’impact socio-environnemental», a-t-il regretté. «La mise en place des niches de la future cité Bicis et les premiers logements de la Cdc et ceux de la cité Akys ne préoccupent personne, alors que le danger nous guette», a renseigné M. Sarr, appelant les autorités à réagir pour réglementer la politique de l’habitat dans la zone. Le maire trouvé sur les lieux n’a pas voulu se prononcer sur l’affaire. Une délégation gouvernementale est d’ailleurs annoncée pour transmettre les condoléances du gouvernement.
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