Le chanteur nigérian, devenu une star planétaire à coups de collaborations internationales, est le fer de lance d’une jeune génération d’entrepreneurs musicaux aux dents longues.

Dans son numéro d’août-septembre, 1843, la revue du très respectable magazine britannique The Economist, consacre sa couverture musicale à un jeune garçon arborant tatouages, montre dorée au poignet et multiples colliers dépassant de sa chemise brodée col Mao, très tendance dans le Delta du Niger. Pas sûr que le public traditionnel de l’hebdomadaire puisse mettre un patronyme sur la vedette bling-bling… qui s’est pourtant taillé un succès mondial en moins de dix ans de carrière.

Collaborations avec plusieurs artistes américains 
Wizkid, Ayodeji Ibrahim Balogun de son vrai nom, chanteur et compositeur nigérian de 27 ans, a collectionné un nombre considérable de succès. D’abord des hits incontournables, dont One dance – le tube de 2016 – et Come closer – carton de 2017 –, tous deux en collaboration avec la star canadienne Drake.
Pour ce dernier titre, le Nigérian s’est même payé le luxe de faire produire un deuxième clip Afrocentré, réalisé par Alan Ferguson, le beau-frère de Beyonce, et prenant des airs de fête enfiévrée dans un quartier de Lagos. L’artiste a également gagné une quarantaine de trophées, dont deux Bet awards et trois Billboard music awards, comptant parmi les plus prestigieuses récompenses du monde de la musique.
Surtout, il a signé avec Rca records, filiale de Sony music, un contrat dont le montant, toujours inconnu, dépasserait le million de dollars, soit la plus grosse enveloppe offerte à une star de la chanson africaine. L’objectif de la signature ? Conquérir de nouveaux fans et marchés.

Racines africaines
Wizkid n’a pas attendu les requins occidentaux de l’industrie musicale pour voir grand. Le jeune patron du label Starboy entertainment revendique son Adn africain à longueur d’interviews, de clips made in Nigeria, et jusque dans son look. Il confiait même au magazine Vogue en juin porter uniquement des tissus du continent lorsqu’il se trouve à Lagos.
Mais dans le même temps, l’enfant prodige de l’afro-beat, genre conçu pour les dance floors mêlant rythmiques traditionnelles et sons synthétiques, cherche depuis longtemps à multiplier les collaborations internationales pour accroître son audience au-delà de l’Afrique anglophone et francophone.
Dans son dernier album, Sounds from the other side, sorti le 14 juillet, pas moins de sept des douze titres contiennent des «featurings» de poids (Drake, mais également Chris Brown, et le collectif Major Lazer).
En multipliant les «coups» transatlantiques avec des célébrités hip-hop qui partagent une philosophie hédoniste célébrant le luxe et le pur divertissement, le kid s’écarte sans doute de l’héritage d’un Fela. Mais il pénètre de nouveaux marchés.
D’autres stars nigérianes ont procédé et procèdent de même : P-Square (en collaborant avec le bulldozer du rap nord-américain Rick Ross), Timaya (avec le Jamaïcain Sean Paul), Davido (avec les Américains Young Thug et Rae Sremmurd)… Si Wizkid est allé encore plus loin que ses confrères, c’est peut-être qu’il a su systématiser cette méthode.
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