Au cours d’une Assemblée générale d’information et de partage, les populations de la commune de Ngandiouf, regroupées autour de leur maire, Ngouda Ciss, ont exprimé leurs inquiétudes quant au projet d’exploitation du gisement de phosphate dans leur sous-sol par l’entreprise minière African investment Group (Aid) où Afrig Sa. Elles interpellent les autorités sur les zones d’ombre de l’octroi du permis d’exploitation de cette mine qui constitue, selon elles, une menace réelle pour les populations sur les plans social, économique, sanitaire et environnemental.

La commune de Ngandiouf commence déjà à subir les impacts de la richesse de son sous-sol. Situé dans le département de Tivaouane, ladite localité est aujourd’hui menacée par la société minière, African investment Group (Aid) où Afrig Sa, qui doit exploiter le gisement de phosphate découvert dans son sous-sol. Aussi, à l’instar de toutes les autres localités du pays frappées  par le même sort, se pose la question de l’octroi du permis d’exploitation mais aussi celle de l’étude d’impact environnemental. Des questions aussi cruciales sur lesquelles les populations de Ngandiouf disent n’être au courant de rien. Ainsi, «un arrêté, portant interdiction de toute activité à l’entreprise Afrig Sa dans le périmètre communal de Ngandiouf, est pris pour éviter des troubles à l’ordre public dont les prémices sont là et très imminents», informe le maire de la localité, M. Ngouda Ciss, qui dit «rompre» sa collaboration «avec l’entreprise pour nous avoir caché sciemment des informations et ses réelles motivations». En effet, «l’entreprise minière est entrée, en 2015, par infraction dans le périmètre communal pour mener des opérations de recherches de phosphates. En son temps, l’administration municipale lui avait sommé d’arrêter toutes ses activités». Mieux, poursuit l’édile de Ngandiouf, «nous leur avons demandé à plusieurs reprises de nous présenter ou de mettre à notre disposition l’arrêté du ministère des Mines les autorisant à exercer dans le périmètre en vain. Et des centaines de trous de sonde ont été creusés dans différents villages de la commune causant beaucoup de dommages aux populations de la localité sans que ces dernières ne soient indemnisées». Pis, ajoute le secrétaire municipal de la commune, Abdou Latif Diène, «depuis quelques mois, nous avons constaté avec désolation que l’entreprise Afrig Sa a conduit le processus de l’étude d’impact environnemental et social du projet et dont l’audience publique s’est tenue, depuis le mois de janvier 2017, à Kébémer, et ce sous la présidence effective de l’autorité préfectorale sans que la commune de Ngandiouf, encore moins les autorités administratives et les services techniques déconcentrés de Thiès n’y soient associés aux travaux». Or, signale-t-il, «plus de la moitié de la superficie de la commune de Ngandiouf se trouve à l’intérieur du périmètre d’exploitation du phosphate parce que le projet impacte 41 villages de la commune». Ainsi, informe le coordonnateur du réseau pour la transparence de la gouvernance minérale à Ngandiouf, M. Diène, devant le Coordonnateur régional de la Coalition publiez ce que vous payez, Abdou Aziz Diop, qui prenait part à la rencontre, ce samedi à Ngandiouf, «nous avons sollicité l’intervention des autorités administratives de notre région pour des informations et éclairages sur les activités de l’entreprise Afrig Sa sur le permis dénommé «Kébèmer», dont une partie se trouve dans notre périmètre communal». Mais, regrette Abdou Latif Diène, «toutes ces requêtes sont restées sans suite». Toutes raisons, pour les populations de «condamner de la manière la plus ferme, les méthodes et agissements de l’entreprise Afrig Sa et le silence de nos autorités». Et d’alerter le ministère des Mines et le président de la République Macky Sall. Car, disent-elles, «de graves manquements sont notés dans le processus d’octroi de permis d’exploitation…». Le maire de Ngandiouf, Ngouda Ciss, invite ainsi les autorités «à ne pas autoriser ce projet d’exploitation de phosphate de Afrig Sa et dont la conduite n’a pas respecté les normes édictées par les codes de l’environnement et des mines. Nous tendons la main aux autorités pour que justice soit faite et que ce différend soit tranché en faveur des populations très en colère contre l’entreprise minière».
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