Le décore du coin des vendeurs de vêtements seconde main, connus sous le nom de «feugg diaay» (friperie), a été complètement changé hier. En effet, pour des besoins de déguerpissement du milieu, les Forces de l’ordre sont passées par-là. Auparavant, l’espace qui se trouve entre les deux voies à côté du nouveau terminus des bus de Dakar dem dikk (3D) était envahi par des tables, sacs de «feugg diaay» et certains exposaient leurs marchandises à même le sol. L’ambiance des chansons et tapes de mains pour attirer les clients a été remplacée hier par un calme plat chez le nombre minime de vendeurs présents sur les lieux, après des jets de gaz lacrymogènes et de pierres entre policiers et occupants du milieu. Au bilan, on notera deux bus de Dakar dem dikk qui ont été caillassés et de nombreuses interpellations opérées. L’endroit a été entièrement balisé et, d’une extrémité à l’autre, il n’y avait rien qui pouvait faire penser qu’il était occupé, sinon les restes des tables et pneus brûlés. «Ça n’a pas commencé aujourd’hui (Ndlr : hier). C’est depuis vendredi passé, mais les choses sont devenues plus sérieuses ce matin (hier)», a témoigné Baye Fall Kémane, un des ex-occupants du milieu.
Cet homme âgé d’environ 35 ans a ajouté qu’ils étaient nombreux à occuper cet endroit du marché Colobane en face des Hlm. Et qu’ils s’étaient conformés au paiement des taxes. «On y était tranquillement sans perturber qui que ce soit. Seulement, on est faible et on n’a pas les moyens de les affronter, mais on ne faisait que travailler», a poursuivi Baye Fall, assis sur une table et entouré de ses camarades vendeurs. Il a également affirmé que leur situation était compliquée et qu’ils ne savaient pas qui était à l’origine de tout cela.
Mais le déguerpissement, informe une autre victime, «a été motivé par la gare routière des bus de Dakar dem dikk qui doit être inaugurée dans les jours à venir». Assis sur sa moto soigneusement stationnée près du groupe Baye Fall, ce garçon âgé presque de 25 ans et qui a préféré taire son nom a été surpris par le nouveau visage du coin des «feugg diaay», totalement vidé de son ancien contenu. Il a confié : «Cet espace qui est entre les deux voies n’est pas fait pour vendre. C’est tout à fait normal qu’on leur demande de le libérer. Mais ces opérations de déguerpissement doivent aller avec des mesures d’accompagnement, car on ne doit pas chasser des travailleurs de leur milieu de travail sans leur trouver un autre endroit où ils pourront continuer leurs activités.»
Stagiaire