Sur la terrasse de l’Institut africain (Iam), les sourires éclairent les visages des invités, des récipiendaires et des enseignants. C’est une journée spéciale pour cet établissement d’enseignement supérieur, qui a organisé la cérémonie de graduation d’une trentaine d’étudiants en management des organisations. Dans le cadre d’une «codiplomation», le groupe Iam et l’Université du Québec à Chicoutimi (Uqac) ont formé ces cadres pour permettre aux pays africains d’avoir des ressources humaines de grande qualité. Paul Ginies, Directeur général de l’Iam, mesure les enjeux de l’heure : «Il faut former des hommes et des femmes responsables capables de donner un sens à la vie. En tout cas, le groupe Iam ambitionne de donner un nouvel élan aux partenariats afin de mieux outiller les étudiants pour qu’ils abordent l’avenir de la meilleure des façons…» Un engagement, qui va se poursuivre avec l’Uqac, qui a déplacé à Dakar ses plus éminents responsables et enseignants comme le Vice-recteur chargé du Partenariat, Alexandre Cloutier, et le professeur de Khadiyatoulah Fall.
Enseignant depuis 30 ans dans cette université québécoise, qui fête ses 50 ans cette année, K. Fall, premier sénégalais à étrenner le grade de professeur au Canada, n’a pas caché son émotion lors de son discours : «C’est toujours pour moi un grand plaisir de me retrouver à l’institut africain de management, cet institut que j’ai vu naître et grandir. Ce plaisir s’amplifie chaque fois que j’y reviens pour y constater l’ancrage persistant, l’ancrage consistant de la performance, de l’innovation, de la qualité de l’accueil et de l’encadrement. Le plaisir aussi de constater que l’Iam continue d’être un digne partenaire et ambassadeur en terre sénégalaise de l’université du Québec à Chicoutimi.» Il demande aux récipiendaires de s’inspirer du parcours du fondateur de l’Iam, Moustapha Guirassy. Il dit : «Un leader est aussi quelqu’un qui sait puiser le meilleur de son passé pour avancer… M. Guirassy a su se retourner pour tirer de son passé ce partenariat qui fait de vous aujourd’hui des diplômés de l’Uqac et de l’Iam.  En tant que leaders et futur leaders, en tant que dirigeants et futurs dirigeants, vous devrez savoir bien trier, choisir, sélectionner, croiser pour lever les pesanteurs du passé, pour savoir habiter le meilleur du passé et saisir ce qui nous fait avancer. Chers diplômés, quel est le sens à donner à cette étape ci de votre vie, l’étape ci de votre réussite. Votre réussite d’aujourd’hui porte le prix, l’obligation, le devoir du renforcement à l’amélioration, à la qualité. Vous allez diriger, inspirer.» Il ajoute pour davantage les pousser à la persévérance : «Vous serez confronté non à des sociétés en crise mais à des sociétés complexes. La complexité s’est installée dans notre monde et suscitent des inquiétudes mais ces inquiétudes ne doivent pousser ni au désordre ni au figement mais plutôt à l’innovation par les modalités renouvelées du dialogue et du réseautage qui portent le dépassement.» Selon Pr Fall, «notre monde n’est plus celui des phases civilisationnelles, c’est-à-dire de ces événements, ces découvertes, qui avaient le temps de durer. Je dirais qu’avant, le temps avait son temps. Aujourd’hui le temps n’a plus son temps. Le temps est constamment bousculé par le nouveau, l’inédit, l’innovation, l’open-access des connaissances qui nous parviennent vite de partout sous les effets du numérique…»