L’échec des négociations entre les Industries chimiques du Sénégal (Ics) et les populations de Tobène, impactées par son projet d’extension sur le barème d’indemnisation, a ravivé la tension. Les habitants des 22 villages de la commune de Méouane, en collaboration avec la Force pour le développement (Fpd) et des associations citoyennes du département de Tivaouane, déchirent le barème de 1 million 050 mille francs Cfa d’indemnisation proposé par les Ics. Cheikh Fall, coordonnateur du mouvement Fpd, qui regroupe les 89 villages de la commune, campe le décor : «Il est incroyable qu’on puisse détourner un paysan de sa source de subsistance et de survie, ses terres qu’il exploite depuis plus d’un siècle, avec un barème aussi dérisoire et insignifiant par rapport aux préjudices subis.» Il ajoute : «Etant donné que nos arbres et nos plantes sont ravagés en grande partie par les Ics, nous réclamons une indemnisation de 20 millions de francs Cfa par hectare et non par dénombrement.» Toutefois, précise-t-il, «nous ne refusons guère de céder les terres», mais «il faut un barème d’indemnisation équitable qui sera à la hauteur des dégâts collatéraux que les Ics infligent aux populations riveraines» notamment, dit-il, «la pollution permanente extrêmement inadmissible qui affecte gravement les populations, la faune et la flore». Cette pollution, fustige-t-il, «est émaillée d’injustice inouïe et inédite».
Au chapitre des complaintes, les populations de Tobène, Maka Dieng, Thissé et Keur Maguèye, impactées par le projet de 47 ha, ont aussi dénoncé «profondément l’attitude et l’arrogance de l’autorité de l’Administration déconcentrée, le sous-préfet de Méouane», qui «traque les populations de Tobène en compagnie des Forces de l’ordre, en proférant des menaces à l’endroit des populations impactées, sans pour autant au préalable procéder à une concertation sérieuse». Il s’étrangle de rage : «Nous disons non à la traque, à l’intimidation, à la violence policière exercée sur les pauvres populations de Tobène.» Le président de la Fpd déplore le comportement du sous-préfet : «Ce préfet-là a fait preuve de manque notoire de respect à l’égard des populations. Compte tenu de tout cela, la Fpd exige purement et simplement le départ de ce sous-préfet de Méouane.»
A sa suite, Cheikh Top, un habitant du village, interpelle directement le président de la Répu­blique Macky Sall pour régler le problème qui risque, selon lui, de «dégénérer». A l’en croire, «la tension est toujours vive parce que les 47 ha dont les Ics ont besoin sont les seules sources de revenus des populations impactées, puisque l’activité principale c’est l’agriculture. Et elles gagnaient plus avec leurs terres que ce qu’on leur propose».